Sorties de la semaine | 17.09.2025

À quel moment l’intelligence artificielle devient-elle une obsession ?

Dalloway, thriller psychologique signé Yann Gozlan, explore les limites de la cohabitation entre un esprit humain fragilisé et une intelligence artificielle trop présente. Adapté du roman Les Fleurs de l’ombre de Tatiana de Rosnay, le film suit Clarissa, une écrivaine en résidence artistique, dont l’assistante virtuelle — Dalloway — se transforme en présence intrusive. Peu à peu, Clarissa sent sa vie privée se déliter, jusqu’à suspecter qu’elle est surveillée.

La voix envoûtante de la chanteuse Mylène Farmer prête à l’IA un souffle presque humain, une idée qui intrigue autant qu’elle déconcerte. Le contraste entre le verbe feutré de Clarissa et le ton ensorcelant de Dalloway crée une atmosphère troublante, instillant une paranoïa sourde dans cet intérieur sophistiqué.

Présenté en séance de minuit à Cannes 2025, le film a piqué la curiosité par sa mise en scène élégante, ses décors raffinés et son ambiance glaciale, presque luxueuse. La performance de Cécile de France y a été saluée : elle incarne Clarissa avec une intensité maîtrisée, donnant sens à ce face-à-face avec la technologie, oscillant entre fascination et peur. Plusieurs critiques ont souligné à quel point ce thriller parvient à déranger par sa cohérence, tout en restant captivant dans sa tension croissante.

Dalloway se présente ainsi comme une fable moderne où la technologie n’est pas seulement outil, mais personnage à part entière, inquiétant, séduisant, et surtout, profondément humain dans sa capacité à exploiter nos failles.

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Le silence révèle toute la complexité d’un regard porté à la maternité.

Un portrait intime et sensible d'une femme sourde devenue mère, face à ses peurs et à un monde qui peine à l'écouter.

Réalisé et écrit par Eva Libertad, Sorda se distingue par son authenticité bouleversante. Inspiré du court-métrage primé du même nom, il met en scène Miriam Garlo, la sœur de la réalisatrice et actrice sourde, dans le rôle d’Ángela, une femme confrontée à l’énigme de la maternité dans un univers façonné par l’audition. Le tournage, profondément personnel, s’est déroulé dans la région de Murcie sur plusieurs semaines, héritant d’une atmosphère sincère et viscérale.

Le parcours du film est marqué par de nombreuses distinctions : il a remporté le Prix du Public dans la section Panorama à la Berlinale, la Biznaga de Oro du meilleur film espagnol au Festival de Málaga, ainsi que des prix d’interprétation pour Miriam Garlo et Álvaro Cervantes. La justesse, la délicatesse et l’émotion brute ont été saluées par la critique, qui souligne la performance intense de Miriam et la représentation rare d’une réalité peu documentée.

Sur le tournage, la réalisatrice s’est appliquée à créer un environnement inclusif, en intégrant la langue des signes comme langue de tournage ainsi qu’une documentation spécifique pour l’équipe. Le film a aussi largement contribué à éveiller l’intérêt pour la langue des signes, grâce à la mobilisation de son acteur principal, Álvaro Cervantes, qui a appris la LSE pour mieux incarner son personnage et inciter le public à s’y intéresser.

Sorda se présente comme une œuvre essentielle : non pas un manifeste, mais un moment sensible, poétique et nécessaire, où la maternité et la surdité tissent ensemble un récit à la fois universel et profondément personnel.

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La persévérance semée avec humilité.

Un documentaire sensible où deux néo-paysans luttent, cultivent et résistent, armés de patience et de convictions.

Réalisé par Alain Wirth, Le goût des choses suit pendant un an et demi Pierre-Gilles et Antoine, engagés dans une agriculture naturelle et résiliente sur les terrains de Praz Bonjour, dans les hauteurs de Vevey. Leur quotidien, fragile et inspirant, est marqué par les caprices du climat, les nuisances comme les travaux routiers qui perturbent l’accès à leur exploitation, et la pression financière qui pèse sur chaque récolte. Ce témoignage visuel offre un regard authentique et humble sur une démarche agroécologique portée par deux hommes déterminés.

Le tournage privilégie une esthétique sobre, plans lents de légumes en pleine croissance, échanges à mots presque chuchotés, qui invite à ressentir l’effort physique, les choix éthiques et la fragilité de cette entreprise agricole.

À travers ce portrait, le documentaire devient une ode à la résilience et à la responsabilité alimentaire. Il met en lumière les enjeux contemporains de l’agriculture, sans juger ni dramatiser, laissant apparaître une délicatesse touchante.

Ce qui fait la force du film, c’est aussi sa capacité à parler à chacun : il n’exige pas de serments idéologiques, mais installe une émotion simple — du respect, de l’admiration et ce sentiment poignant qu’un monde meilleur se construit à coups de gestes modestes, semés avec patience.

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Le déchainement final des pourfendeurs de démons !

Réalisé par Haruo Sotozaki et produit par le studio Ufotable, La Forteresse Infinie ouvre une trilogie très attendue de l’univers Demon Slayer. On y retrouve Tanjiro, Nezuko et leurs alliés plongés dans un château mouvant, une architecture impossible où les murs et les perspectives se réinventent sans cesse. Inspirée des gravures d’Escher, cette mise en scène transforme chaque affrontement en spectacle vertigineux.

Le travail technique derrière le film est titanesque : pour rendre la fluidité de cet univers, l’équipe a entièrement reconstruit le château en 3D. Les producteurs eux-mêmes ont expliqué qu’un rendu complet à la qualité maximale aurait nécessité plusieurs années de calcul. C’est dire à quel point la précision et la virtuosité de l’animation impressionnent.

L’accueil critique a salué ce travail colossal : la presse souligne la beauté visuelle, la richesse des chorégraphies de combat et l’intensité dramatique donnée aux personnages, héros comme antagonistes. Certes, certains spectateurs trouvent que les flashbacks ralentissent parfois le rythme, mais la majorité reconnaît au film une puissance hypnotique rare. Sur les plateformes de notation, il est déjà considéré comme l’un des longs-métrages d’animation les mieux notés de l’histoire, rivalisant avec des classiques du genre.

La Forteresse Infinie ne se contente pas de poursuivre l’histoire de Tanjiro et des pourfendeurs : elle franchit un seuil artistique. Un voyage haletant où spectacle visuel et émotions profondes s’entrelacent dans un ballet saisissant.

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