Sorties de la semaine du 21.08.2024
BLINK TWICE
Sortie dans les salles de cinéma de Vevey
“Blink Twice” marque les débuts prometteurs de Zoë Kravitz en tant que réalisatrice, dans un thriller psychologique captivant et socialement engagé. Ce film explore les sombres dessous d'une île paradisiaque où le luxe, le pouvoir et la corruption se heurtent à une quête de vérité et de justice.
L'histoire suit Frida, incarnée magistralement par Naomi Ackie, une jeune femme attirée par le monde extravagant du milliardaire Slater King, interprété par Channing Tatum. Invité à rejoindre son cercle intime sur une île privée, Frida découvre rapidement que derrière les soirées somptueuses et les apparences dorées se cachent des réalités bien plus sinistres.
Zoë Kravitz combine habilement satire sociale et thriller psychologique, en exposant les excès des ultra-riches tout en abordant des thèmes profonds tels que l'oubli traumatique et la lutte des classes à travers une lentille féministe. Le film s'inscrit dans la lignée de productions telles que Get Out et Glass Onion, en dénonçant avec acuité les abus de pouvoir et la culture du silence.
L'esthétique soignée, la mise en scène immersive, et une bande-son percutante complètent ce tableau, faisant de “Blink Twice” un film non seulement divertissant, mais aussi profondément réfléchi et pertinent. Naomi Ackie brille dans ce rôle complexe, et sa performance, associée à une réalisation audacieuse, fait de “Blink Twice” un thriller incontournable, où chaque scène est empreinte de tension et de suspense.
THE CROW
Sortie dans les salles de cinéma de Montreux
“The Crow” est une réinvention audacieuse et stylisée du célèbre comic-book de James O'Barr, réalisé cette fois par Rupert Sanders. Ce film, qui fait écho à l'adaptation emblématique de 1994 par Alex Proyas, raconte l'histoire tragique d'Eric Draven, un homme brutalement assassiné avec sa fiancée, Shelly. Revenant d'entre les morts avec des pouvoirs surnaturels, Eric entame une quête de vengeance implacable pour rétablir l'ordre et sauver l'amour de sa vie.
Le film de 2024 marque le retour d'une légende du cinéma gothique et noir. La version originale de The Crow est devenue culte en grande partie à cause de l'atmosphère sombre et poétique qu'elle a su capturer, mais aussi en raison du destin tragique de son acteur principal, Brandon Lee, qui a trouvé la mort sur le tournage. Ce drame a conféré au film une aura presque mystique, renforçant son statut dans la culture populaire. Trente ans plus tard, Rupert Sanders reprend ce flambeau avec une version modernisée qui rend hommage à l'original tout en apportant sa propre vision.
L'une des décisions clés a été de confier le rôle d'Eric Draven à Bill Skarsgård, célèbre pour son interprétation terrifiante du clown Pennywise dans Ça. Skarsgård, avec son physique singulier et son intensité, apporte une nouvelle dimension à ce personnage complexe, combinant vulnérabilité et une rage presque palpable. Le choix de Skarsgård s'inscrit dans une continuité de ses rôles précédents dans le cinéma d'horreur, consolidant son image d'acteur capable de naviguer dans des univers sombres et torturés.
Aux côtés de Skarsgård, la chanteuse FKA Twigs fait ses premiers pas significatifs au cinéma dans le rôle de Shelly. Sa présence apporte une touche de modernité et de sensibilité à l'histoire, offrant une performance qui, bien que discrète, est essentielle à l'émotion brute du film. Par ailleurs, l'acteur français Sami Bouajila fait ses débuts à Hollywood, ajoutant une touche internationale à ce casting déjà éclectique.
Visuellement, “The Crow” se distingue par une esthétique à la fois moderne et nostalgique. Rupert Sanders, s'inspirant de ses propres expériences et d'icônes contemporaines comme Post Malone et Lil Peep, a créé un look unique pour Eric Draven, mêlant des éléments des années 90 à une touche plus actuelle. Ce choix stylistique, bien que risqué, apporte une fraîcheur bienvenue et aide à ancrer le film dans l'ère moderne tout en respectant l'esprit de l'original.
Les critiques de presse sont majoritairement positives, saluant notamment la performance de Bill Skarsgård et l'audace visuelle du film. Les fans de l'original pourraient y retrouver l'atmosphère sombre et gothique qu'ils ont tant aimée, tandis que les nouveaux venus dans l'univers de The Crow découvriront une histoire de vengeance intemporelle, portée par une réalisation moderne et stylisée.
EMILIA PÉREZ
Sortie dans les salles de cinéma de Martigny, Monthey, Orbe et Vevey
Emilia Perez, le dernier film de Jacques Audiard, est une œuvre singulière qui mélange les genres avec une audace rare, proposant un thriller sur fond de comédie musicale tout en abordant des thèmes sociaux contemporains. Ce long métrage, porté par des performances remarquables et une réalisation inventive, est un véritable coup de maître cinématographique qui réussit à marier le drame et l'humour avec une finesse et une profondeur rarement vues.
Le projet Emilia Perez trouve ses racines dans une lecture faite par Jacques Audiard en 2018 du roman Écoute de Boris Razon. Inspiré par un personnage secondaire, un narcotrafiquant transgenre, Audiard a développé cette idée en une histoire à part entière, où il explore le thème de la transformation et de l'acceptation de soi à travers le prisme d'un thriller captivant. Le scénario s'est rapidement transformé en ce que le réalisateur décrit comme un "livret d'opéra", divisant l'histoire en actes avec une forte composante musicale et symbolique.
Emilia Perez a été présenté en Compétition au Festival de Cannes 2024, où il a remporté le Prix du jury et un Prix d'interprétation féminine pour les quatre actrices principales : Zoe Saldana, Selena Gomez, Ariana Paz et Karla Sofía Gascón. Ce prix collectif souligne l'importance et l'impact de leurs performances dans un film où chaque personnage incarne une facette différente de la lutte pour l'identité et la liberté personnelle.
Jacques Audiard, habitué des œuvres cinématographiques profondes et visuellement frappantes, avait depuis longtemps envisagé de créer un opéra. Pour Emilia Perez, il a collaboré avec Clément Ducol et Camille pour composer une bande sonore qui s'intègre parfaitement à l'histoire, transformant certaines scènes en véritables tableaux lyriques. Le tournage, principalement réalisé en studio à Paris, a permis à Audiard de créer un univers visuel stylisé qui rappelle les codes du théâtre et de l'opéra, tout en conservant une intensité dramatique propre au cinéma.
Le cœur de Emilia Perez réside dans l'histoire de Manitas, un chef de cartel souhaitant enfin devenir la femme qu'il a toujours rêvé d'être, Emilia. Karla Sofía Gascón incarne ce personnage complexe avec une puissance émotionnelle qui transcende l'écran. Audiard, en choisissant de transformer le personnage de l'avocat, initialement masculin dans le roman, en une femme jeune et ambitieuse incarnée par Zoe Saldana, enrichit le récit en ajoutant des couches de conflit interne et externe, explorant des thèmes de genre, d'identité et de rédemption.
Emilia Perez n'est pas un film comme les autres. C'est un thriller qui s'habille des codes de la comédie musicale sans jamais tomber dans le cliché. C'est un film qui ose aborder des sujets difficiles comme la transition de genre, l'identité et la rédemption, tout en gardant un sens de l'humour mordant et une sensibilité à fleur de peau. La décision d'Audiard de tourner principalement en studio et de faire appel à des décors stylisés et des costumes extravagants crée une atmosphère presque onirique, où le spectateur est invité à entrer dans le monde intérieur des personnages.
Le film a été largement salué par la critique pour sa créativité et son audace narrative. Des publications comme The Hollywood Reporter et Le Monde ont loué la manière dont Audiard a réussi à transformer une idée complexe en un film à la fois divertissant et profondément émouvant. En tant que spectatrice, j'ai trouvé Emilia Perez très original, offrant une expérience cinématographique unique qui mélange habilement la tension du thriller avec la légèreté de la comédie musicale. C'est un film qui ne craint pas de bousculer les attentes et de proposer quelque chose de vraiment différent, tout en offrant une réflexion poignante sur l'identité et le courage d'être soi-même. Du VRAI cinéma !
LES SURVIVANTES
Sortie dans les salles de cinéma de Martigny
De la pédophilie aux réseaux pédocriminels, 8 survivantes témoignent de leur incroyable parcours au cœur d’un système innommable qui touche tous les milieux.
A travers ces témoignages d’une authenticité rare, on découvre les rouages qui ont permis à ce système de perdurer sans jamais être inquiété.
Pendant encore combien de temps ?
ALIEN ROMULUS
Sortie dans les salles de cinéma d'Aigle, La Sarraz et Vevey
"Alien: Romulus", réalisé par Fede Alvarez, marque un retour aux sources terrifiantes de l'une des sagas de science-fiction les plus emblématiques du cinéma. Ce nouvel opus, qui se situe chronologiquement entre "Alien, le huitième passager" (1979) et "Aliens, le retour" (1986), plonge les spectateurs dans une atmosphère de tension palpable, rappelant les premiers frissons de la franchise. L'histoire se déroule en 2180 et suit un groupe de jeunes explorateurs qui, en menant des fouilles sur une station spatiale abandonnée, se retrouvent confrontés à une menace extraterrestre aussi effrayante qu'impitoyable.
L'idée de "Alien: Romulus" prend racine dans une scène coupée d'"Aliens, le retour" de James Cameron, où l'on aperçoit des enfants courant dans les couloirs de la colonie sur la planète Acheron. Fede Alvarez, grand fan de la saga, a eu l'intuition de développer une histoire autour de ces enfants, désormais dans leur vingtaine, qui se retrouvent face à l'horreur. Cette approche nostalgique et respectueuse des origines de la franchise a immédiatement séduit les producteurs de Scott Free Production, la société de Ridley Scott, créateur de l'univers "Alien".
Alvarez, connu pour son travail sur "Evil Dead" (2013) et "Don't Breathe" (2016), a su capturer l'essence du film d'horreur de science-fiction tout en y ajoutant sa propre touche. Sa passion pour l'univers "Alien" transparaît dans chaque détail du film, des décors aux effets spéciaux. D'ailleurs, Alvarez a insisté pour que l'équipe d'effets spéciaux d'"Aliens, le retour" revienne travailler sur ce projet, garantissant ainsi une continuité visuelle et atmosphérique avec les films originaux. L'utilisation de décors réels et de miniatures, plutôt que de dépendre uniquement des CGI, apporte une authenticité brute qui renforce l'immersion.
Lorsque Ridley Scott a visionné le film, sa réaction a été un simple mais éloquent : "C’est excellent". Cette approbation de la part du réalisateur légendaire est une validation majeure pour Alvarez et son équipe, montrant que "Alien: Romulus" est en phase avec l'esprit original tout en apportant une nouvelle dimension à la saga.
Le titre "Romulus" fait référence à la station spatiale où se déroule l'action principale du film. Ce nom, ainsi que celui d'une station plus petite appelée Remus, puise son inspiration dans la mythologie romaine. Romulus et Rémus, les fondateurs légendaires de Rome, symbolisent la dualité et les conflits fraternels, un thème qui résonne profondément dans la dynamique du film.