Sorties de la semaine du 18.09.2024

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16 septembre 2024 | Meryl Moser, directrice
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MA VIE MA GUEULE

Sortie dans les salles de cinéma d'Aigle et Orbe

"Ma Vie Ma Gueule" de Sophie Fillières est un voyage introspectif délicatement porté par Agnès Jaoui, dans un rôle où l’humour et la mélancolie se marient avec une finesse rare. Le film nous plonge dans l’histoire d'une femme qui, face aux épreuves de la vie, décide de prendre du recul et de regarder en face ce qu'elle est devenue. Avec son style inimitable, Sophie Fillières propose une œuvre qui sonde l'âme humaine tout en jouant avec les codes de la comédie.

Ce qui séduit dans ce film, c'est cette capacité à rendre universel le singulier, à transformer la banalité du quotidien en quelque chose de profondément poétique. Agnès Jaoui incarne avec une justesse désarmante une femme qui pourrait être n'importe qui, mais qui, dans ses doutes et ses réflexions, devient un miroir pour le spectateur.

La réalisation de Sophie Fillières, toujours aussi subtile et précise, offre des moments de pure magie, où le dialogue se fait tantôt cinglant, tantôt tendre. Ce film ne se contente pas de raconter une histoire, il invite à une réflexion plus large sur le rapport que nous entretenons avec nous-mêmes, avec les autres, et avec le temps qui passe.

Si vous cherchez un film qui vous fera rire tout en vous touchant en plein cœur, "Ma vie, ma gueule" est assurément une pépite à ne pas manquer.

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NI CHAÎNES NI MAÎTRES

Sortie dans les salles de cinéma d'Aigle, Montreux et Orbe

"Ni Chaînes Ni Maîtres" de Simon Moutaïrou est un film historique puissant qui plonge dans l’Île de France (aujourd'hui Maurice) en 1759, au cœur des luttes contre l’esclavage.

Le récit suit Massamba, un esclave déterminé à protéger sa fille Mati et à lui offrir une vie meilleure. Sa quête prend un tournant dramatique lorsqu’elle s’enfuit, déclenchant une chasse menée par Madame La Victoire, une impitoyable chasseuse d’esclaves interprétée avec complexité par Camille Cottin.

Ce film s’éloigne des représentations manichéennes habituelles pour offrir des personnages riches et nuancés, même parmi les figures les plus cruelles. La réalisation de Moutaïrou, très sensorielle, notamment lors de scènes captivantes sous la pluie et la foudre, offre une profondeur audiovisuelle remarquable, renforcée par une bande-son anachronique signée Amine Bouhafa.

La critique encense la richesse narrative et l’intensité des performances, notamment celles d’Ibrahima Mbaye Tchie et Camille Cottin, tout en soulignant les résonances contemporaines du film sur les thématiques de l'oppression et de la liberté. "Ni Chaînes Ni Maîtres" est un film qui bouscule et laisse une impression durable.

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LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE

Sortie dans les salles de cinéma d'Orbe et Vevey

Dans "Les Graines du Figuier Sauvage", Mohammad Rasoulof nous plonge à nouveau dans une œuvre puissante, ancrée dans la réalité de son pays. Le film, empreint de poésie et de mélancolie, explore avec une acuité rare les dilemmes moraux et les conséquences des choix individuels sous un régime oppressif. Comme toujours, Mohammad Rasoulof réussit à mêler subtilement la beauté des images à l’intensité des enjeux sociaux et politiques.

C’est l’histoire d’hommes et de femmes pris dans le tourbillon des événements, cherchant à s’émanciper malgré les chaînes invisibles qui les retiennent. Chaque personnage devient une métaphore vivante de la résistance intérieure face à l’injustice, une graine prête à éclore même dans le sol le plus aride.

Les critiques ont salué la capacité de Mohammad Rasoulof à créer une tension palpable tout en restant fidèle à son style cinématographique si personnel, mélange de sobriété visuelle et d'émotion contenue. "Les Graines du Figuier Sauvage" nous rappelle que l’espoir peut naître même dans les situations les plus désespérées, et que la quête de liberté ne connaît pas de limites.

Un film incontournable pour ceux qui cherchent un cinéma qui fait réfléchir, qui émeut, et qui rappelle à quel point l’art peut être une forme de rébellion en soi.

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NE DIS RIEN (Speak no Evil)

Sortie dans les salles de cinéma d'Aigle, Montreux et Vevey

"Ne dis rien" de James Watkins est un thriller psychologique sombre et captivant, avec James McAvoy, Mackenzie Davis, et Aisling Franciosi en tête d'affiche. Ce film explore la face obscure des relations humaines, où des vacances apparemment idylliques prennent une tournure terrifiante.

L'intrigue suit un couple qui, après une rencontre fortuite avec une autre famille en vacances, se lie rapidement d’amitié. Cependant, ce qui commence comme une escapade paisible devient vite un jeu psychologique inquiétant, où chaque moment de convivialité dissimule des intentions plus sombres.

Le film, à travers son rythme lent et méticuleux, plonge les spectateurs dans un climat de tension croissante, questionnant le poids du non-dit, la manipulation, et la confiance aveugle.

Les performances des acteurs sont saluées par les critiques, en particulier celle de James McAvoy, qui incarne un personnage complexe, oscillant entre charme et menace. Mackenzie Davis et Aisling Franciosi apportent également des performances poignantes, ajoutant des couches émotionnelles à cette histoire de manipulation psychologique.

Le film est souvent comparé à des classiques du genre, avec son esthétique minimaliste et son atmosphère oppressante qui rappellent les films de suspense des années 1970. James Watkins, connu pour son travail sur des thrillers tels que Eden Lake, maîtrise parfaitement l’art du crescendo, laissant les spectateurs sur le fil du rasoir jusqu’à la dernière minute.

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LE FIL

Sortie dans les salles de cinéma de Vevey et Martigny

La justice humaine peut souvent être plus fragile qu'elle n'y paraît.Un thriller judiciaire émouvant sur la quête de vérité.

“Le Fil”, réalisé par Daniel Auteuil, est un drame judiciaire qui explore la fragilité humaine et la recherche complexe de la vérité à travers un procès tendu.

Inspiré par le blog du célèbre avocat Jean-Yves Moyart, alias Maître Mô, “Le Fil” trouve ses racines dans des histoires vraies d'injustice et d'humanité, racontées à travers le regard des avocats de la défense. Daniel Auteuil, séduit par la profondeur des récits et par la réflexion sur la notion subjective de vérité, a décidé de porter à l'écran l'une des affaires les plus marquantes de ce blog, celle de Nicolas Milik.

Six ans après son dernier film, “Amoureux de ma femme”, Daniel Auteuil revient à la réalisation avec ce film profondément personnel. Auteuil, qui incarne également l'avocat Jean Monier, raconte s'être immergé dans le monde des prétoires pour capter toute la tension et l'humanité d'un procès. Il a eu l'occasion d'assister à un procès similaire à huis clos, une expérience qui l'a profondément marqué et a influencé la mise en scène réaliste et poignante du film.

Aux côtés de Daniel Auteuil, ”Le Fil” met en lumière l'acteur Grégory Gadebois dans le rôle de Nicolas Milik, un personnage complexe, à la fois robuste et vulnérable. Auteuil a immédiatement pensé à Gadebois pour ce rôle, en raison de sa capacité à incarner un homme perdu, incompris et fragile face à un système judiciaire implacable. Le film explore la relation intense entre l'avocat Monier et son client Milik, où la vérité devient une conviction intime, loin d'être absolue.

Daniel Auteuil montre les silences, les doutes, et les regards échangés dans un tribunal. La tension est omniprésente, mais loin d'être spectaculaire : elle est humaine, fragilisée par les incertitudes de chacun. Pour capter cette atmosphère, Auteuil s'est entouré du directeur de la photographie Jean-François Hensgens, qui avait travaillé avec lui sur “Un silence”. Ensemble, ils ont opté pour une mise en scène immersive, où la caméra s'attarde sur les moindres expressions des protagonistes, révélant des vérités invisibles.

Le Fil a été présenté en Séance Spéciale au Festival de Cannes 2024, marquant un retour triomphal de Daniel Auteuil sur la Croisette, où il avait déjà été largement acclamé en tant qu'acteur et réalisateur.

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LE PROCÈS DU CHIEN

Sortie dans les salles de cinéma d'Aigle et Martigny

Une comédie burlesque sur la justice et l'écologie

"Le Procès du chien", réalisé par Laetitia Dosch, est une comédie à la fois drôle, absurde et profondément humaine qui soulève des questions de société à travers une intrigue hors du commun.

Laetitia Dosch, qui fait ici ses premiers pas derrière la caméra, explore à travers ce film des thématiques qui lui tiennent à cœur, notamment notre rapport aux animaux et à la nature, ainsi que les normes imposées par la société. Avec son humour décalé et ses personnages hauts en couleur, "Le Procès du chien" questionne la manière dont la loi traite les êtres non humains et critique les absurdités de notre monde moderne.

Le film, inspiré de faits réels, s'intéresse à un procès qui a secoué toute une ville et résonne avec les débats contemporains sur les droits des animaux et la justice écologique. À travers le personnage d'Avril, interprété par Dosch elle-même, et le maître malvoyant du chien, joué par François Damiens, le film met en lumière des individus marginalisés, tous enfermés dans des rôles qu'ils n'ont pas choisis.

Présenté dans la sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024, "Le Procès du chien" a été salué pour son mélange audacieux de comédie burlesque, de satire sociale et de moments profondément humains. Dosch a réussi à créer un film où l'absurde côtoie la gravité, sans jamais perdre de vue les vérités qu'elle souhaite mettre en avant.

Pour son premier long-métrage, Laetitia Dosch voulait une comédie qui bouscule les codes, où chaque scène surprend le spectateur par ses changements de ton. Après avoir travaillé avec un cheval dans son spectacle Hate, Dosch continue son exploration des rapports entre les humains et les animaux à travers cette fable moderne. Son approche cinématographique est à la fois ancrée dans la réalité et teintée d'éléments de conte, rendant "Le Procès du chien" aussi unique qu'intrigant.

Avec François Damiens, Anne Dorval et Jean-Pascal Zadi, Le Procès du chien réunit un casting qui parvient à faire ressortir tout le burlesque et la subtilité de cette histoire hors du commun. Laetitia Dosch, en tant que réalisatrice et actrice principale, se révèle aussi brillante dans la comédie que dans la direction de ses comédiens. Chaque personnage apporte une tonalité différente au film, renforçant son caractère choral.

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